Le dernier film d'Erik Poppe mettant en scène
Juliette Binoche nous plonge dans l'horreur de la guerre en Afghanistan vue à travers l'objectif de l'appareil de Rebecca. Elle immortalise les instants de la préparation d'une femme "bombe humaine" et va même jusqu'à l'accompagner en voiture un peu avant que la bombe, la femme et la voiture n'explosent. Rebecca est blessée pendant l'incident, elle perd un poumon et se retrouve dans un hôpital de Dubaï où son mari vient la chercher pour la ramener chez eux en Irlande, loin des explosions, des morts et au plus proche de sa famille. Elle retrouve ses filles, l'un d'elles est juste heureuse de retrouver sa mère, elle en est encore à croire les histoires qu'on raconte sur sa mère comme quoi elle serait invincible. Néanmoins, son autre fille partage la crainte de son mari et imagine à chaque instant qu'on va lui annoncer la mort de sa mère.
Pour commencer, le film est bon dans son ensemble. L'image et le travail de la caméra permettent une réelle immersion dans chacun des personnages. On ne peut s'empêcher de rire avec la petite, de craindre le pire avec le père. Finalement, c'est avec le personnage de Rebecca que l'on a le plus de mal. Non pas que
Juliette Binoche ne soit pas convaincante. Toutefois, il est compliqué d'éprouver une quelconque affection pour elle. Quand elle décide quelque chose, plus rien ne compte à part la finalité de son action. Par exemple, elle part au Kenya avec sa fille prendre des photos de camps de réfugiés. Tout se passe bien, la fille apprend de sa mère, elle s'en rapproche, et la mère rattrape le temps perdu en quelque sorte. Et soudainement, des hommes armés débarquent dans le camp et tuent les réfugiés. Rebecca laisse partir sa fille avec l'ami qui l'a fait venir et elle fait face au danger dans l'unique but de prendre des clichés. C'est ce genre d'attitudes qui rend le personnage de Binoche si peu attachant, comme lorsqu'en Afghanistan elle a voulu couvrir l'événement du début à la fin, puis elle a pris peur, elle est sortie de la voiture et a tenté d'alerter les gens. Finalement, on la sent plus humaine, mais elle remet le couvert en prenant des photos après l'explosion.
Les raisons pour lesquelles elle prend des photos sont louables mais elle ne se limite pas lorsque les éléments la dépassent. La personne censée semble être le mari, interprété par Nikolaj Coster-Waldau, ce qui peut paraître amusant à ceux qui le connaissent comme étant l'arrogant Jaime Lannister dans la série "Game of Thrones". Il joue ici le rôle d'un biologiste marin, mais avant tout un homme qui a les pieds sur terre, conscient de l'importance de sa famille et de la proximité qui les lie. Il souffre donc de l'éloignement d'avec sa femme et le lui fait comprendre.
A la fin de "
L'Epreuve", Rebecca repart en Afghanistan pour couvrir le même événement qu'en début de film. Cependant, un élément va la faire craquer et elle ne va pas pouvoir prendre les photos que le journal pour lequel elle travaille réclamait. Nombreuses sont les personnes qui, après la séance, ont mis en avant le fait que cet élément rendait le personnage de Rebecca plus attachant. Néanmoins, on peut ne pas être d'accord. Lorsqu'elle était au Kenya, avec sa fille de surcroit, elle n'a pas hésité une seule seconde à se mettre en danger pour des photos. Elle n'est finalement motivée que par le sensationnalisme (du moins elle s'est éloignée de ses premières réelles motivations) et ses décisions font d'elle quelqu'un d'égoïste...